Les Bourbon-Basian, seigneurs de Parentis et descendants de Saint-Louis

Le 25 février 1534 marque, à Parentis-en-Born, l’arrivée d’un nouveau seigneur. Et ce n’est pas n’importe qui : ce personnage est de sang royal, descendant direct de Saint-Louis. Direct, cela est incontestable, mais issu d’une branche bâtarde. Ce nouveau seigneur s’appelle Gaston de Bourbon, baron de Basian.

Gaston est le quatrième fils de Charles de Bourbon, vicomte de Lavédan dans le Bigorre, chambellan du roi, gouverneur du Bourbonnois et sénéchal de Toulouse. Quant à ce dernier, il est fils naturel de Jean II, duc de Bourbon, et de Louise d’Albret, dame d’Estouteville.

 

L’histoire a retenu que Gaston de Bourbon-Basian s’est marié en présence du roi de France François 1er, et des roi et reine de Navarre[1]. Il semble que Henri II d’Albret, roi de Navarre, l’appréciait suffisamment pour l’appeler[2] dans une ordonnance du 17 juin 1547 son « très cher et bien-aimé cousin », et donc rappeler le lien familial et l’ancêtre commun, Saint-Louis.

 

Gaston fut un soldat, un homme d’armes :  « guidon » de la compagnie de cent lances du roi de Navarre, et capitaine, ou gouverneur[3], du Château-Trompette (à Bordeaux) de 1545 à 1550. Le 27 août 1550, Gaston fut pourvu par le roi Henri de Navarre de l’office de sénéchal de Navarre et de Béarn, dont il prêta serment.

 

Le contrat de mariage entre Gaston de Bourbon-Basian et Suzanne du Puy, dame de Parentis et d’Audenge, est signé dans le diocèse d’Auch, d’où dépendent les terres de Bazian[4]. Cette Suzanne est issue d’une très ancienne famille de chevaliers landais, installés depuis plusieurs générations dans le pays de Born. A la suite de ce mariage, les Bourbon-Basian deviennent seigneurs landais, propriétaires de nombreuses terres entourant le Bassin d’Arcachon et d’une grande partie du pays de Born.

 

En bons seigneurs, Gaston et Suzanne cherchent à tirer quelques revenus de leurs terres et, en 1544 [5], ils réclament aux habitants des paroisses de Saint-Paul, Pontenx, Sainte-Eulalie, Parentis et Gastes un droit de pacage pour le bétail. Mais les habitants refusent poliment et leur répondent que Louis Castéja, le père de Suzanne, leur avait déjà concédé ces droits par baillettes : ils peuvent donc jouir « sans entrave et sans indemnité ou autre devoir du droit de faire paître leur bétail sur toutes les terres de la prévôté de Born ». Ces mêmes habitants rappellent au couple seigneurial qu’il leur avait déjà été promis de les laisser jouir de ces droits en 1535, « avec une latitude plus grande encore que du temps du seigneur d'Albret [6], sans leur réclamer aucun devoir et que, par suite, ils ne lui devaient absolument rien ».

 

Gaston de Bourbon et Suzanne du Puy, sa femme, sont beaux joueurs : ils n’insistent pas et renoncent à assujettir les habitants de ces paroisses à d'autres charges ou à de nouveaux impôts. La reconnaissance des Parentissois s’exprimera à travers un fort joli cadeau en monnaie sonnante et trébuchante : ils offrent 142 écus d’or à leur seigneur qui les accepte en déclarant les maintenir dans la possession de ces droits, sans être tenus à un quelconque devoir ni redevance[7].

 

En 1553, Gaston de Bourbon fournit le dénombrement de ses terres : il n’omet point Parentis. On  peut cependant douter qu’il se signala souvent dans le pays de Born. Nous avons vu que ses activités militaires le retenait à Bordeaux, ou en Navarre, mais cela ne signifie certainement pas un délaissement de ses terres landaises : nous trouvons son épouse, Suzanne du Puy, très présente et active, gestionnaire attentive des terres de Buch et Born dont elle a hérité des Castéja. Nous ne savons pas si Gaston vécu suffisamment pour l’apprendre, mais le duché d’Albret fut créé en décembre 1555 par le roi (de France) Henri[1][8], pour le roi et la reine de Navarre : la prévôté de Born, donc Parentis, fut incluse à ce nouveau duché.



[1]  Le roi de Navarre est Henri II d’Albret, et la reine Marie d’Angoulême.

[2] (Belleval 1901, p.181)

[3] (Achaintre 1825, p.463)

[4] Si le village qui existe encore aujourd’hui s’appelle « Bazian », avec un « z », notre seigneur est presque toujours signalé dans les ouvrages traitant de la généalogie des rois de France comme « Basian », avec un « s ». Nous retiendrons donc « Basian » pour la branche des Bourbon qui nous intéresse, et « Bazian » pour la terre dont cette famille porte le titre de baron.

[5] (Saint-Jours 1924)

[6] Alain d’Albret, seigneur des lieux avant qu’il ne vende ses terres du pays de Born à Jacques Castéja, seigneur du Puy.

[7] (Saint-Jours 1924)

[8] (AHDG 1897, tome 32, p.209)

 

 Une version de ce texte a été publiée dans "Parentis Point i" n°147, de janvier/mars 2013.

 

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